Chers Frères dans
l’épiscopat,
C’est pour moi une grande joie
de vous accueillir à l’occasion de votre visite ad limina Apostolorum, qui vous
permet de resserrer vos liens avec le Siège Apostolique et avec les Évêques du
monde entier, renforçant ainsi la collégialité. Ma joie est d’autant plus
grande qu’à travers vous, j’entrevois des communautés chrétiennes jeunes et
dynamiques, qui cherchent à s’enraciner dans l’amour du Seigneur. En vous
recevant, j’ai une pensée spéciale pour elles, ainsi que pour les prêtres, les
religieux, les religieuses, les catéchistes et tous les autres agents pastoraux
qui œuvrent pour la progression du Règne de Dieu au Congo. C’est aussi pour
vous conforter dans votre charge à leur service, en vous ressourçant, que vous
effectuez le pèlerinage sur le tombeau des Apôtres Pierre et Paul, qui ont
témoigné de la foi au Christ jusqu’au sacrifice suprême du martyre. Je suis
sensible au témoignage d’attachement au Successeur de Pierre, exprimé en votre
nom, par Son Excellence Monseigneur Daniel Mizonzo, Président de votre
Conférence. En l’en remerciant vivement ainsi que chacun d’entre vous, je
voudrais vous manifester mes encouragements dans votre travail apostolique.
La récente création de trois
nouveaux diocèses témoigne de la vitalité de l’Église catholique dans votre
pays, ainsi que du zèle dont ses pasteurs font preuve dans l’œuvre de
l’évangélisation. C’est là un motif de grande satisfaction, qui engage en même
temps à un effort accru pour répondre toujours mieux aux besoins du peuple de
Dieu et aux attentes des nombreuses personnes auxquelles l’Évangile de Jésus
Christ n’a pas encore été annoncé.
Il est heureux que ces
dernières années, les réflexions de votre Conférence se soient portées sur la
mission des laïcs dans l’Église et dans la société. Je voudrais saluer ici leur
remarquable contribution à l’œuvre de l’évangélisation. Il importe que votre
pastorale aide leurs mouvements de spiritualité et d’apostolat à redécouvrir et
à affermir leur vocation en vue du « témoignage crédible des laïcs rendu à la
vérité salvifique de l’Évangile, à son pouvoir de purifier et de transformer le
cœur humain, et à sa fécondité pour édifier la famille humaine dans l’unité, la
justice et la paix » (Discours lors de la rencontre avec les responsables de
l’apostolat des laïcs, en Corée, 16 août 2014). Les laïcs ont en effet besoin
d’être accompagnés et d’être formés au témoignage de l’Évangile dans les
domaines socio-politiques, qui constituent leur champ spécifique d’apostolat
(cf. Apostolicam actuositatem, nn. 4 ; 7). La pastorale de la famille fait
partie intégrante de cet accompagnement. Les réticences des fidèles face au
mariage chrétien révèlent la nécessité d’une évangélisation en profondeur, qui
implique non seulement l’inculturation de la foi mais aussi l’évangélisation
des traditions et de la culture locale (cf. Africae munus, nn. 36-38). A ce
propos, je tiens à vous remercier pour la contribution de vos diocèses au
Synode des Évêques sur la famille. Vous ne manquerez pas d’en tirer profit pour
mieux adapter votre pastorale familiale aux réalités locales.
Chers frères dans l’épiscopat,
dans ces domaines et dans beaucoup d’autres, les prêtres sont vos premiers
collaborateurs. Par conséquent, leurs conditions de vie et leur sanctification
ne doivent pas cesser d’être au cœur de vos préoccupations et de votre
sollicitude (cf. Presbyterorum Ordinis, n. 7). En particulier, la formation
continue leur est indispensable, afin qu’ils puissent servir toujours mieux le
peuple de Dieu et l’accompagner spirituellement comme il convient, notamment à
travers des célébrations liturgiques dignes et des homélies qui nourrissent la
foi des fidèles. A ce sujet, je vous invite à continuer de veiller aux
conditions d’envoi aux études des prêtres de vos diocèses et de les soutenir
durant leur séjour à l’extérieur pour favoriser leur retour en temps utile, en
sorte que le bien de l’Église soit toujours sauvegardé.
Je rends grâce à Dieu pour les
nombreuses vocations sacerdotales et religieuses qui fleurissent dans vos
diocèses. Elles témoignent aussi de votre zèle apostolique, béni par le
Seigneur, car en définitive c’est Lui le Maître de la moisson qui appelle et
envoie des ouvriers dans sa moisson (cf. Mt 9, 38). Cela n’en crée que
davantage d’obligations pour vous les pasteurs auxquels ces vocations sont
confiées, afin que dans une écoute personnalisée, vous accompagniez ceux qui se
sentent appelés à servir le Seigneur dans sa vigne, selon des charismes variés.
L’immense besoin pastoral de l’Église locale exige lui-même un discernement
rigoureux, afin que le peuple de Dieu puisse compter sur des pasteurs zélés,
qui édifient par leur témoignage de vie, notamment en ce qui concerne le
célibat et l’esprit de pauvreté évangélique. En outre, il ne faut rien négliger
pour que tous, prêtres, catéchistes, familles, jeunes, groupes de prières et
d’autres encore, prennent toujours mieux conscience de l’importance de leur
contribution dans l’accompagnement et la formation des candidats au sacerdoce
et en assument chacun sa part.
En cette Année de la vie
consacrée, je voudrais saluer à titre particulier l’engagement des religieux et
des religieuses au service des populations au Congo, auxquelles ils apportent
avec générosité et dévouement l’assistance aussi bien spirituelle que
matérielle, en témoignant du Christ chaste, pauvre et obéissant. Si une
harmonieuse collaboration entre vous Évêques et les consacrés, nécessaire à
tous les niveaux, favorise l’annonce de l’Évangile, votre affectueuse proximité
ne peut que leur donner assurance et leur permettre de contribuer toujours plus
à la croissance de l’Église locale, dans la diversité de leurs charismes.
Chers frères dans l’Épiscopat,
certains Diocèses éprouvent de grandes difficultés, en raison de l’insuffisance
des ressources matérielles et financières locales disponibles. Je mesure
l’ampleur des soucis et des préoccupations liées à une telle situation dans le
cœur d’un pasteur. Voilà pourquoi, je vous encourage à engager résolument vos
diocèses sur la voie de l’autonomie, de la prise en charge progressive et de la
solidarité entre Églises particulières dans votre pays, selon la belle
tradition remontant aux premières communautés chrétiennes (cf. Rm 15, 25-28). A
ce sujet, vous continuerez de veiller à ce que les aides économiques accordées
à vos Églises particulières pour les soutenir dans leur mission spécifique, ne
limitent pas votre liberté de pasteurs ni n’entravent la liberté de l’Église,
qui devrait toujours avoir les coudées franches pour annoncer l’Évangile avec
crédibilité.
En ce qui concerne l’entraide
et la solidarité entre Églises particulières, elles doivent se traduire
également dans la promotion de l’esprit missionnaire d’abord à l’intérieur de
l’Afrique. Je reprends volontiers à votre adresse l’appel solennel de mon
prédécesseur le bienheureux Paul VI à Kampala : « Vous, Africains, vous êtes
désormais vos propres missionnaires » ! (Homélie de la célébration
eucharistique en conclusion du Symposium des Evêques d’Afrique, 31 juillet
1969).
La communion ecclésiale doit se
manifester aussi concrètement dans l’exercice de la dimension prophétique de
votre charge pastorale. Il est en effet important que vous puissiez, d’une
seule voix, dire des paroles fortes inspirées par l’Évangile pour orienter et
éclairer vos compatriotes sur tout aspect de la vie commune, dans les moments
difficiles pour la Nation ou lorsque les circonstances l’exigent. En ce sens,
vos efforts en vue d’une concertation toujours plus grande sont à poursuivre
parce que l’unité dans la diversité est à la fois l’une des notes
caractéristiques et l’une des exigences de l’Église, en tant que Corps du
Christ. Non seulement cette cohésion vous permettra toujours de défendre le
bien commun ainsi que le bien de l’Église devant toute instance, mais
elle favorisera aussi vos efforts pour affronter ensemble les nombreux défis
pastoraux, dont la prolifération des sectes n’est pas le moindre.
L’évangélisation en profondeur
constitue un autre grand défi. Or, elle suppose nécessairement une attention
particulière aux conditions concrètes de vie des populations, c’est-à-dire en
définitive à la promotion de la personne humaine. Sur ce plan aussi,
l’engagement de l’Église catholique au Congo est important : que ce soit dans
les domaines de l’éducation, de la santé, de l’assistance aux diverses
catégories de personnes dans le besoin dont des réfugiés des pays voisins, vos
communautés diocésaines apportent une contribution considérable. Avec la
générosité et le dévouement du bon samaritain, elles se dépensent sans compter
au service de leurs frères et sœurs. Comme pasteurs, vous continuerez de
veiller à ce que la pastorale sociale se réalise toujours davantage dans
l’esprit de l’Évangile et se perçoive toujours mieux comme une œuvre
d’évangélisation, et non comme l’action d’une Organisation Non-Gouvernementale.
A ce sujet, dans certains
secteurs de la société, les blessures provoquées par la grave crise qui a
affecté le Congo à la fin des années 1990 ont laissé de profondes cicatrices
qui parfois ne sont pas encore complètement refermées. Dans ce domaine en
particulier, l’Église, forte de l’Évangile de Jésus, a reçu la mission de
réconcilier les cœurs, de rapprocher les communautés divisées et de construire
une nouvelle fraternité ancrée sur le pardon et la solidarité. Vous pasteurs,
continuez d’être des modèles et des prophètes en ce sens !
Récemment, dans le Diocèse de
Dolisie, à Louvakou, a été inauguré le Sanctuaire dédié à la Divine
Miséricorde, qui devient un lieu de pèlerinage, de retraites et de rencontres
spirituelles. Je m’en réjouis, et je souhaite que ce Sanctuaire devienne
vraiment un lieu où le peuple de Dieu vienne raffermir sa foi, notamment à
l’occasion du prochain Jubilé extraordinaire de la Miséricorde et des autres
initiatives pastorales que vous prendrez.
Pour finir, en vous renouvelant
ma fraternelle et priante affection, je réitère mes encouragements aux prêtres,
aux religieux, aux religieuses, aux laïcs consacrés, aux catéchistes, et à tous
les fidèles de l’Église qui pérégrinent en cette belle et chère terre du Congo.
Invoquant sur vous et sur votre pays la Divine Miséricorde, de grand cœur je
vous accorde, ainsi qu’à chacune de vos communautés diocésaines, la Bénédiction
apostolique.
Au
Vatican, le 4 mai 2015
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